Les lavoirs datent de 1876. Ils ont été construits avec des moëllons venant des carrières Guillemin d’Aiglemont et de Dom-le-Mesnil. Les bacs à laver viennent des derniers bancs de pierres de St-Laurent et la chaux, du four de Warcq. C’est donc bien un peu d’histoire ardennaise que l’on voudrait faire disparaître.
L’abondance de sources que draine notre colline a peut-être été à l’origine du nom de notre village. Aiglemont, en effet, est un véritable réservoir d’eau, sources et ruisseaux descendant vers la Meuse. Ce sont ces » ruches » qui alimentaient autrefois les différents lavoirs dispersés sur le territoire. Jusqu’aux années 1950, il y en avait cinq que les habitants nommaient « fontaines ».
Le premier existant au 19ème siècle fut celui de Jalois (rue Jules Ferry). En 1856, furent construits ceux de la Pisselotte (rue du Dr Roux) et du Moulin (Place Joliot Curie). Il y eut aussi le lavoir de Tanimont (au bout du lotissement Les Bruyères) et celui de la Jonquette (Fond de l’Epine). Ils étaient tous à ciel ouvert. Les trois premiers cités furent entourés d’une construction et couverts en 1875 d’abord avec des toits à pans renversés. Le lavoir de Tanimont, blotti sous le couvert au bord du bois et connu pour la fraîcheur de son eau, apprécié pour sa moindre teneur en calcaire, disparut dans les années 50. Sa source fut captée.
Celui de la Jonquette était alimenté par le trop plein de la source de Montcy-Notre-Dame. Il disparut fin des années 50, peut-être pour faciliter la construction dans ce quartier.
Le lavoir de Jalois, réputé pour la qualité et l’abondance de sa source disparut lui aussi sans doute en raison de son manque d’utilisation.
Le lavoir de la Pisselotte est toujours là. Les sources qui l’alimentent ne tarissent jamais (souvenirs de 1976).
Le volume des eaux est de 40 l par minute à l’arrivée au lavoir et autant pour l’abreuvoir situé au-dessous.
Sa construction fut possible à la suite d’une donation de terrain par MM Migeot, Titeux et Pellerin.
Le lavoir du Moulin est quant à lui alimenté par une source provenant de la maison Félix Emond (ancienne maison Douce), ce propriétaire ayant donné à la commune le droit de prendre les eaux de cette source dans sa cave. Un peu au-dessus du lavoir, se trouvait autrefois un abreuvoir.
A une époque où l’on nous prédit que l’eau deviendra une denrée rare, a-t-on le droit de laisser perdre ces sources auxquelles nous tenons en détruisant les derniers lavoirs ?
Et si ces lavoirs eux-mêmes sont d’un autre temps, est-ce l’unique raison pour les laisser se dégrader ou vouloir s’en débarrasser ?
Vestiges d’un patrimoine légué par nos aïeux, entre notre passé et notre avenir, ne sont-ils pas un des fils conducteurs de notre mémoire ?
* ruche : nom patois du ruisseau.